1,656 m3

En fin d’année 2015, Iris Brodbeck travaille durant un mois au sein d’un camp de réfugiés à Lesvos, en Grèce, et revient en Suisse profondément bouleversée par cette expérience. La façon dont les réfugiés sont traités et harcelés par la police et les populations locales provoque en elle une véritable prise de conscience, qui va être la source d’inspiration de son œuvre. C’est plus particulièrement la vente de gilets de sauvetages fabriqués avec des matériaux de mauvaise qualité, activité devenue prospère pour les entreprises, que l’artiste dénonce dans 1,656m3. Ces gilets ne maintiennent pas la personne en train de se noyer à la surface mais l’entraînent au contraire vers les profondeurs de la mer.

L’installation est composée d’un aquarium, dont deux côtés sont en bois et deux en verre. La couleur bleue à l’intérieur des planches de bois tout comme la tonne d’eau qui remplit l’aquarium symbolisent le pouvoir, la puissance de la mer et le champ d’action réduit des migrants, qui n’ont d’autre choix que de subir leur situation. 

Iris Brodbeck

Par le biais de ses proches, dont une partie est artiste, Iris Brodbeck est confrontée dès son enfance à l’art, mais ce de façon inconsciente. C’est à l’école primaire qu’elle découvre son attirance pour l’art à travers le dessin et l’aquarelle. Mais le domaine de la santé et du social l’intéresse davantage et elle s’oriente vers une formation de professionnelle de la santé dans un hôpital. Après cela, elle ressent toutefois le besoin de se consacrer à nouveau à son côté artistique. Elle y trouve un apaisement et un moyen d’expression unique. Afin de donner plus d’espace à cette nouvelle forme de langage, elle décide de se lancer dans des études artistiques. Elle intègre ainsi en 2015 des cours préparatoires en spécialisation sérigraphie et photographie à la Schule für Gestaltung und Kunst Bern und Biel (Suisse). Actuellement, elle prépare un Bachelor en art à la Hochschule für Gestaltung und Kunst FHNW de Bâle (Suisse).

En 2016 ainsi qu’en 2017, Iris Brodbeck participe à l’exposition annuelle de son école, la Hochschule für Gestaltung und Kunst de Bâle. Au cours de l’année 2016, elle réalise également une performance intitulée Trough your eyes au sein de son établissement : sur fond musical et textuel, dans un jeu d’ombre et de lumière, les silhouettes d’Iris et de sa partenaire dansent et se confondent.

S’il n’existe pas spécialement de fil conducteur entre les œuvres d’Iris Brodbeck, chacun de ses travaux tourne néanmoins autour d’un thème qui l’intéresse dans sa vie quotidienne, qu’il soit politique, social, etc… Grâce à l’art, elle traduit et exprime cette préoccupation dans sa propre langue. Elle ne privilégie pas une seule technique, mais ses mains demeurent son principal outil de travail et lui permettent de construire, de créer des œuvres uniques. L’artiste accorde une importance primordiale à réaliser elle-même intégralement ses travaux et à s’approprier continuellement de nouveaux savoir-faire. Jusqu’à présent, elle s’est essentiellement consacrée au bois et à l’argile : les matériaux naturels la passionnent tout particulièrement. Cet intérêt est notamment visible dans son œuvre Die Jahre genommen (traduction idiomatique : Les années volées), vidéo de 40 minutes documentant le retrait d’un tronc d’arbre de son environnement, son transport à travers la ville et sa métamorphose : il est compressé puis évidé, son écorce est séparée de son cœur.