Puddle 3

Sur un socle, magnifiée, une flaque d’eau contemple le visiteur, enchâssée dans un cadre transparent, à la fois statique et vivante telle une toile ou une sculpture flottante.
Se nourrissant du voyage, de multiples rencontres avec des matériaux divers, c’est lors d’une résidence à Montréal qu’elle prend conscience de l’eau comme outil de création, matière première abondante et gratuite, puissance charriant des molécules et des histoires. L’artiste lui offre de multiples scénarios. Elle décline alors sous maintes formes – photogrammes, sculptures de sel – la matière aqueuse amenant le visiteur à s’émerveiller devant de micros-éléments, souvent fugaces et instantanés. Les milliers de gouttelettes sont emprisonnés pour former un paysage lunaire (série La mémoire de l’eau), le salpêtre devient archipel (Salpêtre), le feu danse et devient mirage (série Mirari).
Ses œuvres souvent en devenir, dans un état de transition fonctionnent avec un protocole précis pour les faire exister. Ils sont régulièrement amenées à disparaître, comme si leur valeur ne résidait pas dans la pérennité, provoquant ainsi une réflexion sur le momentané et la précarité.
Capucine Vandebrouck étudie scrupuleusement certaines méthodes scientifiques et optiques, maitrisant aussi les procédés anciens de la photographie, expérimentant la rencontre des matières avec différents supports, à la manière d’une chimiste.
C’est l’expérience très simple de la pluie dans son atelier qui l’a conduite à vouloir sculpter des flaques d’eau. En cercle, scindée en deux, au sol ou sur un socle, l’eau est contenue par une matière hydrophobe, créant ce dispositif enchantant. Qui n’a jamais rêvé de capturer l’eau ?
Dans cette petite mare, l’on s’y regarde, ou on y contemple le monde et ses métamorphoses pour tenter de réapprendre à voir.

Capucine Vandebrouck

Née en 1985 à Tourcoing (France) I Vit et travaille à Strasbourg (France)

Formée au Beaux-Arts de Bourges (2009) et à la Haute Ecole des Arts du Rhin (HEAR) de Strasbourg (2011), Capucine Vandebrouck développe depuis 10 ans une œuvre délicate, tissant de subtiles ramifications entre le végétal et le minéral, l’éphémère et le fragile, l’art et la science.
Il s’agit pour l’artiste de questionner les notions de temporalité, notamment de lenteur, s’inscrivant ainsi dans une opposition à la vive allure et au productivisme de la société actuelle et du monde de l’art en particulier.