Le corpus d’oeuvres Les Cristallisations émerge d’un procédé singulier, un détournement de la technique de la cire perdue, qui évoque un rituel de crémation et de transformation. Le protocole de l’artiste débute par la récolte méticuleuse d’animaux morts. Ces corps sont revêtus d’un matériau réfractaire pour assurer la stabilité de leur structure dans le moule, puis introduits dans un four à verre pour une phase de cuisson calculée. Durant ce processus, les corps organiques se consument lentement, ne laissant que cendre et résidus osseux. C’est à haute température que le cristal liquéfié vient épouser les espaces vacants de la chair disparue, fixant la mémoire des corps dans sa matière. Par cette alchimie de destruction et de conservation, l’artiste confère une forme de pérennité à des corps voués à la putréfaction. L’empreinte des écailles, des plumes ou l’aspérité des carapaces demeure figée dans le cristal, ce qui assure le caractère absolument unique de chaque pièce.
L’oeuvre Les abris documentaires – aquatilis recrée l’atmosphère méthodique de l’archivage. L’installation utilise une étagère en acier et bois pour présenter des boîtes en carton recyclé, qui évoquent les contenants de conservation dédiés aux spécimens. À l’intérieur de ces écrins, repose la cristallisation d’un animal aquatique. Certaines boîtes restent closes et invitent à la rêverie, tandis que d’autres s’ouvrent et offrent leur précieux contenu au regard du visiteur. Ces créatures marines – poissons, araignée de mer, oursins, pinces de crabe – portent l’anachronisme de leur existence. Jadis vivants en milieu liquide, ils furent transformés ; ils devinrent eux-mêmes liquides en fusion lors de la cuisson. Leur mémoire de corps, immortalisée, repose finalement dans l’éclat du cristal.