Combiner art, artisanat et design, utiliser la diversité des papiers, de leurs densités à leurs rigidités, et manier scalpels et cutters avec minutie, permet à Suhail Shaikh d’exprimer les contrastes d’une matière à la fois légère et rigide, fragile et durable. L’artiste parvient ainsi à capturer l’éphémère dans le tangible. Le papier blanc, son médium de prédilection, est pour Suhail Shaikh le moyen d’interpréter les fragments de vie qui l’inspirent et l’entourent. La simplicité de la matière contraste avec la complexité de l’idée. L’absence de couleur met aussi en valeur les jeux d’ombre et de lumière avec une pureté et une légèreté qui renforcent le sens des formes.
L’installation La délicate légèreté de l’être joue avec les paradoxes et la fragilité. Elle met en scène la relation complexe entre le papier et l’eau, deux éléments qui s’opposent et se complètent à la fois. Le dôme en papier, suspendu au-dessus d’un bassin en miroir d’eau, crée une proximité dangereuse, une tension visuelle renforcée par le reflet qui unit ces deux matières. Le dôme symbolise l’équilibre, à la fois spirituel — évoquant la forme rassurante des lieux de recueillement — et physique, telle une goutte d’eau en équilibre sur un fil. Bien que d’apparence délicate, la structure est conçue pour être la plus légère possible, comme de la dentelle, tout en restant rigide. Enfin, le mouvement est au coeur de l’oeuvre car la goutte d’eau en papier est constituée de plusieurs anneaux concentriques qui représentent les ondulations à la surface de l’eau.